On crie tous tous les jours que ce qu'on veut c'est l'amour, mais on le rate trop souvent parce qu'il ne se présente pas comme on l'avait imaginé. Une jolie phrase, sortie de la bouche d'une jolie femme. Le plus fou est qu'elle est pathologiquement seule, profondément désespérée de cette situation et que je suis indéniablement jaloux qu'elle ait prononcé ces mots avant moi. Le fait de passer à coté, de louper le train du bonheur est une chose qui longtemps m'a fait peur. Pourtant depuis un certain temps, je ne suis plus effrayé par cela. J'ai prononcé un discours lundi pour le moins surnaturel quand on sait qu'il a été spontané. Le retranscrire est pour moi proprement impossible et le résumer reviendrait à en détruire la magie. Disons qu'il résonne et résonnera encore longtemps en mon coeur. J'ose naïvement espérer même me souvenir à jamais de ces mots et du profond engagement qu'ils ont tenté d'exprimer.

Pourtant, je dois bien convenir du fait que le cynisme et la froideur seraient sans aucun doute les meilleures armes contre les sentiments de plus en plus intenses et fabuleux qui se livrent une guerre assassine en moi d'une part et contre ceux aussi flous et contradictoires pour elle que leur manque de netteté est douloureux pour moi.

Je n'ai plus envie de croire que le bonheur doit arriver comme dans un conte de fée. Il se mérite. Il se recherche ardemment et se construit au prix d'effort parfois fort désagréables. Le premier d'entre eux, le plus important à mon sens, est celui qui fait défaut à tant et qui coûte finalement à beaucoup le suplice d'une éternelle tiédeur dans la vie (J'en connais plusieurs exemples). Puisque le risque de dépeindre un cliché éculé ne m'enfermera pas dans une boîte en sapin sous deux mètres de terre, laissez moi sans vous moquer vous dire que l'égoïsme est, dans le domaine de l'amour, complètement et irrémédiablement destructeur.

Il est vain de chercher à être heureux et cette phrase n'est pas en désaccord avec ce qui précède. Une nuit d'octobre, au cours d'une longue balade, j'ai pris sur moi, dans un moment difficile, de m'essayer à un jeu dont je n'ai pas la fierté d'être le créateur. Le mérite revient à une personne que je connais et qui, elle, se reconnaîtra. Peut être les règles lui avaient été expliquées par un autre, mais je pense que cet individu, malgré le caractère détestable que lui confère la peine que peut engendrer son invention de jeu, devrait être remercié par ceux d'entre vous qui s'y essaieraient et en tireraient (je n'en doute pas une seconde) une quelconque réponse à une quelconque question. Le principe est très simple : il consiste se décrire les faits, les circonstances, les actions et les réactions qui font surgir tant d'interrogations dans votre tête ou votre coeur aujourd'hui, et cela d'une façon totalement objective, sans interprétation ni analyse prématurée. Si vous pensez que c'est enfantin, vous venez de penser une ineptie uniquement fondée sur des préjugés superficiels et sans grand intérêt. Désolé. L'exercice est périlleux et je m'y suis cassé de nombreuses dents avant d'y arriver complètement. Mais ce soir là fut le bon. Celui où j'ai enfin ouvert les yeux sur le véritable voie qui mène au bonheur.

Cette voie pourra vous paraître masochiste ou pathétique de prime abord, mais pensez y à deux fois avant de vous forger votre opinion. La mienne est faite. En tout cas à ce sujet, puisque, ce fameux soir d'octobre, j'ai compris qu'il ne fallait pas avoir honte d'être amoureux d'abord. Bien sur, vous devez me prendre pour un fou trop romantique et tout autant ridicule en lisant cela. Mais, je crois que, malheureusement, être amoureux n'est pas une chose évidente tout le temps, et en particulier quand le sentiment n'est pas clairement réciproque. J'avais un peu honte et peur de ne pas réussir à détester la personne qui m'avait quitté d'une façon assez indélicate, de ne pas réussir à en dire du mal et à la présenter comme un monstre à mon entourage, de ne pas réussir au moins à en penser du mal, de ne pas réussir au moins à lui en vouloir pour son silence. Toutes ces choses peuvent défouler et exorciser une plaie intérieure pénible. A cours terme...

Pourtant, je me rends tous les jours un peu plus compte que tous cela est inutile. Il est vain et suicidaire de croire à ces exutoires. D'abord et de façon anecdotique parce que l'on s'y perd vite et que, du coup, ils tuent dans l'oeuf la moindre remise en question personnelle. Ensuite (et c'est çà qui me poussera chez un psy un jour) parce que, finalement, même en se faisant rejeter ou en subissant une passion non réciproque, il nous reste (il me reste devrais-je dire) un sentiment gagné chèrement. On s'obstine à pleurer ou à se morfondre alors que l'on a l'essentiel, même si l'on n'a pas tout.

Le bonheur devrait se vivre à travers les autres et en particulier à travers l'être que l'on aime. Je m'y efforce et je suis heureux ainsi parce que j'ai l'essentiel et même un peu plus pour l'instant. Le reste viendra sans doute un jour, au détour d'une discussion ou à la terrasse d'un café, sans ressembler à ce que je pouvais imaginer...

" Soyons fou et aimons sans rien obtenir en retour puisqu'au bout du compte cela nous permet de voir le sourire qui nous a fait succomber sur son visage. "

Charles BAUDELAIRE.

 

Humeur...

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