Les changements d'année ont cette particularité de nous rappeler le passé récent (l'année écoulée en l'occurence) tout en nous projetant dans le futur proche (celle à venir cette fois). Cette gymnastique d'esprit, entre bilan et bonnes résolutions, a quelque chose d'excitant et de troublant à la fois, mélange sucré-salé de nostalgie, de craintes et d'espoir.

Les souvenirs de voyages et la perspective de nouveaux départs font partie de ces acrobaties de la mémoire et de la projection mentale. On se souvient, les yeux fermés, des parfums d'épices de Marrakech ou de Casablanca, tout en préparant avec impatience son séjour en Californie ou son week-end à Madrid (enfin !). Le rêve et la mémoire sont le prolongement naturel du voyage, au même titre qu'une musique ou une lecture.

Chaque expérience nourrit la suivante. Fort de cette constatation, nous nous devons de tenter de rechercher ce supplément de mémoire et de rêve que l'on nomme information - pour toujours s'aider à préparer et prolonger nos périples futurs aux quatre coins de la planète.

Je ne me permettrais pas d'égratigner les obtus, omnubilés par le bonheur intense que leur procure le fait de ce savoir bon francais.

Mais pourquoi alors, certains d'entre eux, facheux fachants franchement fatiguants, se permettrent de tout savoir de ce reste du monde qu'ils n'ont jamais vu et ne verront sans doute jamais. Pourquoi se permettent-ils d'imposer aux autres ces visions caricaturales des civilisations qu'il ne connaissent finalement qu'à travers les récis alcoolisés que leur oncle beugle entre le dessert et le café de ces repas de famille interminables de Noël et du Nouvel An ?

Le plus simple et surtout le plus honnète, ne serait-il pas d'éviter de propager ces "les américains sont tous obèses, le Japon est un pays de robots serviles..." lorsque vous vous sentez obligé d'ajouter ensuite que "c'est un ami de mon cousin germain qu'il me l'a dit.". Le plus triste, c'est que de façon quasi systèmatique, "la France c'est bien mieux" ou "nous, les francais, on est pas comme ca".

Parfois, je me demande vraiment si la jalousie n'est pas le moteur de toutes ces inepties. La jalousie vis à vis de ces mêmes américains et de ces mêmes japonais d'abord. La jalousie vis à vis de l'honnéteté, ensuite, de ceux qui n'en parlent que lorsque qu'il l'ont vu et savent se taire dans le cas contraire.

S'il vous plait, vous qui connaissez Tokyo, L.A. ou Rio De Janeiro sans jamais y avoir mis les pieds : faites nous des vacances en en prenant à Tokyo, L.A. ou Rio De Janeiro justement. Vous pourrez alors, si vous y tenez tant, en dire du mal sans éveiller les foudres des personnes qui, comme moi, ne supportent plus les clichés dégoulinants de dédains que vous vomissez sans vous rendre compte combien ils vous rendent ridicules.

D'avance, merci beaucoup.


3 février 2003.

 

Aux omniscients du Monde...

Toutes réponses ou tous points de vue, différents ou non de celui ci, seront appréciés.